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Adresse aux habitants des quartiers populaires, et à tout le monde.
samedi 12 novembre 2005
Adresse du « Rassemblement des ouvriers sans-papiers, gens d’ici, et leurs amis » aux habitants des quartiers populaires, et à tout le monde.
Nous menons depuis plusieurs années une bataille politique pour dire que tous les gens du pays doivent être comptés, c’est-à-dire qu’il faut les droits pour tous, qu’il faut que tous les habitants soient respectés par l’état, par les lois, par les gouvernements.
Nous, la loi nous impose 10 ans de travail sans droit avant de pouvoir demander les papiers à la Préfecture. C’est une grande persécution, avec l’inquiétude des contrôles de police sur les chantiers ou dans la rue, avec l’inquiétude de l’expulsion et de la vie brisée.
Nous ne voulons plus subir cette loi injuste, et nous avons décidé de ne pas nous soumettre. C’est pour ça que nous menons notre bataille, sur la politique que nous décidons nous-mêmes.
Notre bataille, elle est pour tous, car nous disons :
• Qui vit ici, qui travaille ici, est d’ici, de France !
• Le travail ça compte, l’ouvrier, ça compte !
• Il faut respecter tous les gens qui vivent ici !
• Abrogation de la loi Chevènement/Sarkozy contre les ouvriers sans-papiers !
• Régularisation sur la base du travail !
Vous voyez bien que dans nos mots d’ordre, nous parlons de la vraie démocratie, c’est-à–dire du fait que chacun doit être compté dans le pays, de la vraie égalité entre les gens. Notre situation est difficile, et nous avons décidé de faire face : on est debout pour dire et gagner tout cela.
Par rapport à ce qui se passe dans les quartiers populaires, on a des choses à vous dire.
Nous comprenons qu’il y ait de la colère contre la misère, contre la persécution, contre les injustices. Mais il faut aller au-delà de cette colère et se battre différemment : on n’a pas à s’exclure nous-mêmes. On est tous des gens d’ici, il faut l’affirmer haut et fort !
Ca fait longtemps que les gouvernements nous accusent systématiquement de tous les problèmes, y compris pour les incendies dans les quartiers, et nous désigne comme des « ennemis intérieurs » du pays. Mais maintenant, il veut expulser des gens qui ont la carte de 10 ans et des députés envisagent de demander d’enlever la nationalité française à des jeunes nés ici !. « L’ennemi intérieur », ça devient sa nouvelle façon de désigner tous les habitants des quartiers, la justification de sa politique de guerre.
Il faut casser ça, se nommer comme des gens du pays.
Nous par exemple, on refuse les noms que le gouvernement nous donne : on n’est pas des « immigrés clandestins » à la charge de la société, on est des « ouvriers sans droit », qui bâtissons le pays nous aussi. Et on le montre, dans les rassemblements et les manifestations qu’on organise, les débats… et on se bat pour gagner les droits de notre travail.
On ne vit pas dans des ghettos, on habite dans des quartiers populaires, les parties de la ville où vivent les gens pauvres . Ca ne veut pas dire qu’on se résigne à être mal logés, ou qu’on veut s’enfermer dans un endroit.
Au contraire, on dit qu’on est de Toulouse nous aussi, et qu’il faut des quartiers populaires dans les villes, où les familles pauvres peuvent se loger décemment et vivre tranquillement. Et ça, c’est notre affaire, à nous qui habitons ces quartiers. Par exemple, on se bat depuis le début contre les destructions de logement prévues par le Grand Projet de Ville, pour le relogement de tous les habitants, y compris ceux qui sont hébergés, comme nous souvent.
On se bat aussi contre les contrôles de police incessants. On est des ouvriers, pas des criminels !
Contre la politique de guerre du gouvernement, on a choisi de faire une politique de paix, sans coup d’éclat, mais tenace, une politique pour tous. On affirme, en positif, qui on est et ce qu’on veut. On compte sur nous-mêmes, sur notre courage, notre patience.
Notre bataille, elle est importante pour tout le monde : si le gouvernement reconnaît qu’on est des ouvriers du pays, s’il nous donne les droits de notre travail, c’est bon pour tout le monde, on gagne des droits pour tous, on gagne du respect pour tous, on gagne de l’égalité et de la démocratie
Au contraire, s’il accentue sa persécution, ça va toucher beaucoup plus de gens, et la vie sera encore plus difficile.
Que chacun soit reconnu dans le pays ça passe aussi par la régularisation des ouvriers sans-papiers.
C’est pour ça qu’on vous invite à vous battre avec nous.
Le Rassemblement des ouvriers sans-papiers, gens d’ici, et leurs amis
Toulouse, le 12/11/2005